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INTERNATIONAL

Journée des droits de l'homme 2025 : commémoration dans un contexte de troubles internationaux


Alwihda Info | Par Olivier Noudjalbaye Dedingar, Expert-consultant international, humanitaire et journaliste indépendant. - 14 Décembre 2025


La Journée des droits de l’homme est un rappel que l’humanité s’épanouit pleinement lorsque la dignité est au centre de toutes nos actions.


Les droits de l’homme sont positifs, essentiels et réalisables. Photo : de gauche à droite : ONU/Harandane Dicko, NurPhoto, Betul Simsek, HCDH Moldavie.
Les droits de l’homme sont positifs, essentiels et réalisables. Photo : de gauche à droite : ONU/Harandane Dicko, NurPhoto, Betul Simsek, HCDH Moldavie.
La Journée des droits de l'homme 2025 survient à un moment particulièrement tendu de notre histoire mondiale. Face aux conflits en Palestine, aux troubles au Yémen et au Soudan, sur tous les continents, les populations vivent dans la tourmente. Nombreuses sont celles qui se sentent en danger, invisibles et déconnectées des systèmes censés les protéger. Pourtant, au cœur de cette incertitude, le monde marque une pause le 10 décembre pour réaffirmer une vérité simple mais essentielle : les droits humains sont les fondements sur lesquels nous nous appuyons au quotidien.

Le thème de cette année, « Les droits humains, essentiels à notre vie quotidienne », nous rappelle que les droits humains ne sont pas de vaines théories reléguées à de longs documents ou à des réunions lointaines. Ils imprègnent notre façon de nous réveiller, d'interagir avec la société, de nous exprimer, d'apprendre, de travailler, de communiquer et d'espérer. Ils guident nos décisions, façonnent nos opportunités, soutiennent notre dignité et nous permettent de rêver d'une vie meilleure.

À une époque où le désenchantement et l'aliénation gagnent du terrain, ce thème nous invite à porter un regard attentif sur les droits qui, discrètement, enrichissent notre quotidien. Le droit à la sécurité, à la justice, à la liberté d'expression, à l'identité, aux opportunités, à l'information, à l'éducation, à la vie privée, à la communauté. Ce ne sont pas des luxes, mais des droits fondamentaux.

La campagne mondiale de cette année vise à rapprocher les principes des droits humains et les réalités de la vie quotidienne. Son objectif est de susciter une nouvelle prise de conscience, d'inspirer confiance et d'encourager l'action collective. Elle nous rappelle aussi que les droits humains ne sont pas des objectifs inaccessibles et inaccessibles. Ils sont possibles. Ils sont porteurs de sens. Ils méritent d'être défendus. Et ils appartiennent à tous.

La Déclaration universelle des droits de l'homme
La Journée des droits de l'homme commémore l'anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme (DUDH), adoptée le 10 décembre 1948 à Paris. Elle demeure l'une des promesses les plus audacieuses au monde, un engagement partagé selon lequel chaque être humain possède une dignité inaliénable, sans distinction de race, de couleur, de religion, de sexe, de langue, de croyances, d'origine ou de statut social.

La DUDH n'est pas un simple texte historique. C'est un guide vivant qui a façonné les constitutions, les systèmes juridiques, les politiques et les mouvements depuis plus de sept décennies. Elle est le fondement d'une vision mondiale de paix, d'équité et de développement durable. C'est également le document le plus traduit au monde, publié en 577 langues, de l'abkhaze au zoulou, témoignant du désir universel de liberté et de justice.

Deux jours d'élan vers l'avenir
Cette année, les célébrations ont été marquées par deux événements majeurs. Le premier, le Sommet RightsX, s'est tenu au Palais Wilson, lieu historique de Genève. Le second, « Libérer les droits humains », un forum dynamique axé sur la jeunesse, a eu lieu à Budapest. Ensemble, ces événements ont mis en lumière les priorités mondiales : l'innovation, l'éducation et le leadership engagé des jeunes.

Jour 1 à Genève
La première journée du Sommet RightsX s'est ouverte sur le thème « De la réflexion à l'action : construire l'avenir des droits humains à l'ère numérique ». L'ère numérique a transformé la manière dont les droits sont protégés, bafoués et compris. Elle a créé de nouvelles opportunités, mais aussi de nouveaux dangers.

Les sessions ont débuté par une allocution de Volker Türk, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme. Son message était clair : les droits humains doivent demeurer le guide du progrès technologique. L'innovation sans éthique est dangereuse. L'innovation ancrée dans la dignité humaine est transformatrice.

Le discours d'ouverture de Sam Gregory a exploré les points de convergence de la morale, de la politique et de la technologie. L'intelligence artificielle, les systèmes de données et les outils numériques redéfinissent le pouvoir et l'accès. La question n'est plus de savoir si la technologie façonnera la société, mais si les individus façonneront la technologie de manière à protéger les droits.

Un dialogue de haut niveau s'en est suivi, réunissant des personnalités influentes telles que Gina Neff, Claudia Roda et Angela Oduor Lungati. Leur message a résonné dans toute la salle : « L'innovation a besoin des droits humains, et les droits humains ont besoin de l'innovation. Les deux doivent évoluer de concert. »

Des présentations éclair ont ensuite exploré le pouvoir des données, la dignité et les partenariats numériques. Les intervenants ont souligné comment de nouveaux outils peuvent protéger les communautés vulnérables, suivre les abus en temps réel et renforcer les systèmes d'alerte précoce. L'après-midi s'est poursuivie avec des tables-rondes consacrées aux manifestations, à l'IA responsable, aux technologies de consolidation de la paix et à la gouvernance mondiale des données.

La première journée s'est conclue par des présentations et des annonces annonçant un avenir fondé sur la collaboration. Du prix « Call for Code » d'IBM aux initiatives mondiales de la jeunesse pour le climat, le message était clair : l'innovation doit être au service de l'humanité.

Deuxième jour à Genève
La deuxième journée du sommet avait pour thème « De l’innovation aux infrastructures : bâtir le système des droits humains de demain ». Elle s’est ouverte sur une réflexion de pleine conscience animée par le Pr Jon Kabat-Zinn, ancrant les échanges dans la présence et la responsabilité humaines.

L’un des moments les plus marquants a été le débat des jeunes, où des étudiants de Genève et de l’Albert School se sont penchés sur la question provocatrice suivante : l’IA peut-elle mettre fin aux atrocités, et devons-nous lui faire confiance ? Leurs arguments reflétaient les tensions de notre époque. La technologie peut sauver des vies. Mais sans transparence, sans responsabilité et sans équité, elle peut aussi aggraver les préjudices.

Le secteur privé a présenté des outils et des plate-formes phares développés par des entreprises internationales pour soutenir les droits humains et les Objectifs de développement durable. Les sessions de l’après-midi ont exploré les sciences comportementales, l’innovation dans les enquêtes sur les droits humains et la conduite responsable des entreprises. Chaque discussion a incité les participants à repenser la manière dont les systèmes peuvent être conçus pour protéger les personnes, et non pour les exploiter. La journée s'est conclue par une synthèse des engagements pris en vue de RightsX 2026.

Budapest : Jeunesse, éducation et lutte pour un espace démocratique
Tandis que Genève s’intéressait à l’innovation et aux systèmes, Budapest mettait l’accent sur l’éducation, l’identité et le courage des jeunes. L’événement « Libérer les droits humains », organisé au Centre européen de la jeunesse, a offert une réflexion percutante sur l’état de l’éducation aux droits humains.

Les intervenants n'ont pas éludé la vérité. Le monde traverse une crise des droits humains : recul démocratique, conflits, polarisation, réduction de l'espace civique, et montée de la peur. Mais au lieu de céder, le forum a choisi d'affronter ces défis avec honnêteté et espoir.

Matjaž Gruden a évoqué le nouveau pacte démocratique pour l'Europe et l'erreur qui consiste à croire que la démocratie s'étendrait toujours. Marie Struthers, d'Amnesty International, a lancé un avertissement solennel concernant la répression en Europe de l'Est et en Asie centrale. Et Nina Grmuša a utilisé une métaphore d'Harry Potter pour rappeler aux éducateurs que lorsque les systèmes s'affaiblissent, les enseignants et les mentors deviennent la première ligne de défense.

Les échanges étaient francs, urgents et nécessaires. Les jeunes participants ont exprimé leur espoir mêlé de lassitude, leur passion teintée d'inquiétude. Les intervenants ont souligné la recrudescence des attaques contre les enseignants et les militants, la nécessité de persévérer et l'importance d'intégrer l'éducation aux droits humains à la fois dans le cadre scolaire et extrascolaire.

Le message final du forum de Budapest était simple : l'éducation est le moteur des droits humains. C'est là que naît le pouvoir d'agir. C'est là que les voix se font entendre. C'est là que se forge le courage. Au cœur de la Journée des droits de l'homme 2025 Partout dans le monde, de Genève à Budapest, des dirigeants mondiaux aux jeunes militants, le message de cette célébration est clair : Les droits humains sont essentiels à notre quotidien.
● Ils guident nos vies.
● Ils protègent ce qui nous est cher.
● Ils cimentent le monde face à l’incertitude.

Cette année est un appel à revenir à l’essentiel : la dignité, l’équité, la justice et l’humanité. C’est un appel à se souvenir que chaque droit que nous défendons aujourd’hui protège l’avenir d’autrui. C’est un appel à agir, à enseigner, à innover et à croire à nouveau en la promesse simple faite en 1948. La Journée des droits de l’homme 2025 n’est pas qu’une date. C’est un rappel que l’humanité s’épanouit pleinement lorsque la dignité est au centre de toutes nos actions.

Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Volker Turk, a déclaré lors du Sommet RightsX que les droits humains sont menacés, compromis et sous-financés en 2025, mais que, malgré cela, le militantisme en faveur des droits humains reste mobilisateur, déterminé et puissant. Photo : X / UNHumanRights
Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Volker Turk, a déclaré lors du Sommet RightsX que les droits humains sont menacés, compromis et sous-financés en 2025, mais que, malgré cela, le militantisme en faveur des droits humains reste mobilisateur, déterminé et puissant. Photo : X / UNHumanRights

Intervenants au Forum « Libérer les droits de l’homme », organisé par le Département jeunesse du Conseil de l’Europe et le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme. Photo : Conseil de l’Europe.
Intervenants au Forum « Libérer les droits de l’homme », organisé par le Département jeunesse du Conseil de l’Europe et le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme. Photo : Conseil de l’Europe.



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